L’aménagement d’un boulevard urbain, entre le quartier des Floralies, à Marly, et le stade du Hainaut, à Valenciennes, bouscule (aussi) le quotidien de lézards installés le long de l’ancienne voie ferrée vouée à disparaître. La condition, pour que le chantier puisse démarrer, était de leur créer un nouvel habitat.
Le lézard des murailles raffole des herbes folles, des vieux rails, des pierres chauffées par le soleil. Lorsqu’il a repéré l’ancienne voie ferrée, qui reliait autrefois Valenciennes à Maubeuge, ce reptile a trouvé le lieu de vie rêvé. Il ne pouvait pas imaginer qu’un jour, une voie verte financée par l’Agglo pour connecter le quartier des Floralies de Marly au stade du Hainaut anéantirait son territoire. Une fois le boulevard urbain achevé, probablement fin mars, toute trace d’une activité ferroviaire passée aura disparu. Le lézard des murailles, espèce protégée, sera toujours là, lui.
« En général, un diagnostic écologique est demandé par l’État avant le démarrage d’un chantier », rapporte un chargé d’études d’Alfa environnement, le bureau privé mandaté sur le site marlysien. Des mesures compensatoires sont parfois requises, en fonction de la faune et de la flore répertoriées. « Si elles ne sont pas respectées, le projet peut être bloqué. » Dans ce cas précis, reloger les petits reptiles était une condition au lancement des travaux. « Si on ne créait rien, ils étaient condamnés d’avance. »
Une trentaine de lézards ont été recensés sur le site. « Ils sont peut-être plus nombreux. » L’idée était de réussir à les capturer pour les « implanter » dans un pierrier aménagé non loin de l’actuelle voie ferrée. « Exposé plein sud, avec une pente précise, des pierres au calibre choisi. Sur le papier, ils devraient s’y plaire », espère le chargé d’études. À ce jour, douze « bestioles » ont été capturées et réintroduites dans leur nouvel habitat.
Les zones ensoleillées sont couvertes au fur et à mesure, de manière à inciter « les autres à les rejoindre. Ce n’est pas une espèce qui se déplace énormément. Une dizaine de mètres par jour maximum, si elle est en reconquête de territoire ». Justement « si la population du pierrier augmente, ils vont bouger ». Alors dans un second temps, une corniche sera aménagée pour aider les lézards à franchir le boulevard sans encombres et à s’installer durablement de l’autre côté de la voie. « Il y a là un résidu d’habitat naturel favorable à l’espèce qui va être restauré, c’est la deuxième mesure compensatoire. »
La Voix du Nord - Par Marie Delattre |